06.04.2022 – Strasbourg
« Madame la Présidente, l’état de droit est l’une des valeurs fondamentales qui définissent l’Union européenne. Nous devons tout mettre en œuvre pour le défendre, sans quoi nous cessons d’être l’espace de liberté et de démocratie que nous sommes.
Or, nous le savons pertinemment, en Pologne, notamment à cause de son système judiciaire, et en Hongrie, notamment à cause des problèmes de corruption, cet état de droit est mis à mal.
La procédure la plus importante dont dispose l’Union européenne pour protéger l’état de droit en son sein est assurément celle de l’article 7, puisque, menée à son terme, elle permet de retirer à l’État sanctionné le droit de vote au Conseil. Mais celle-ci est dans une impasse puisque bloquée au Conseil, faute de l’unanimité requise. Nous ne pouvons continuer ainsi. Il faut espérer que sous la présidence française, nous puissions avancer. Mais je dis aussi que soit nous réussissons à sortir de cette impasse, soit il faut arrêter et faire autre chose. Quand une telle procédure dure cinq ans sans aboutir, on se ridiculise. D’autant plus que nous ne devons laisser aucun doute sur nos positions. La Hongrie a une nouvelle fois élu Viktor Orbán à sa tête, or, il défend un ordre illibéral qui ne correspond pas à nos valeurs. De même, ses positions face à la Russie et à l’Ukraine font tache au sein de l’Union européenne. Aussi, j’estime particulièrement important de relever qu’hier, la Commission a officiellement déclenché cet autre instrument que nous avons à disposition à l’encontre de la Hongrie, le mécanisme de conditionnalité, qui nous permettra une emprise sur les fonds européens qui seraient destinés à ce pays.
Enfin, il faut que certains arrêtent de tout mélanger. Oui, la Pologne et la Hongrie doivent compter sur nous aussi financièrement pour aider à la prise en charge des réfugiés ukrainiens, mais ceci n’est en rien une raison pour retarder les actions à entreprendre pour défendre l’état de droit. »